Virenque : "Le Tour, ma leçon de vie"

Virenque : "Le Tour, ma leçon de vie"©Alexandre Bagdassarian / Mécénat Chirurgie Cardiaque , Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le jeudi 14 juillet 2022 à 20h35

Richard Virenque est de retour sur le Tour de France, avec l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque et l'étape du coeur vendredi. Une icône du cyclisme national qu'on écoute toujours avec passion, sur le passé comme le présent.

Richard, vous participerez vendredi à l'étape du coeur de Mécénat Chirurgie Cardiaque, en direction de l'arrivée à Saint-Etienne.
Avec plusieurs personnalités, nous parcourons les 30 derniers kilomètres qu'arpenteront les coureurs environ quatre heures plus tard, afin de lever des fonds. Je vais profiter des 35°C pour guider les novices autour de moi, je n'ai jamais trop cessé de pédaler (sourire). Chaque jour sur le Tour, une étape équivaut à un enfant sauvé. Depuis la création de l'association, 4 000 enfants malades du coeur ont été sauvés avec des opérations qui coûtent chacune 12 000 euros. Il y a des familles d'accueil qui sont là pour les suivre, avant leur retour dans leurs pays réciproques. Si on n'était pas là, ils ne pourraient plus faire de sport. Je suis présent depuis le démarrage, c'est ma quinzième année avec Mécénat Chirurgie Cardiaque.

On imagine que vous ressentez toujours la ferveur autour de vous sur les routes du Tour, vous en restez une des plus grandes figures françaises, recordman notamment en tant que septuple maillot à pois... Comment résumeriez-vous votre histoire avec cette course ?
J'ai toujours eu beaucoup d'encouragements. Je vais revoir ça vendredi ! Le Tour, pour moi, a été une découverte et une belle aventure, une leçon de vie et de courage. J'ai eu des hauts et des bas, puis la résurrection... J'y ai tout connu. C'est grâce à ça que les gens, partout, me remercient et m'encouragent.

"Avec Alaphilippe, tout est possible"

En quel coureur vous reconnaissez-vous le plus ?
Julian Alaphilippe. C'est un attaquant puncheur, qui est aussi capable de grimper puisqu'il a terminé maillot à pois. C'est le dernier Français qui a montré des signes de possible victoire finale, sur le chrono et en gardant le maillot jaune jusqu'à 48 heures de la fin. Il n'y en a pas eu d'autre, surtout avec cette régularité. Il a gagné des étapes sur chacune de ses participations. C'est lui qui donne le plus de garanties. Romain Bardet a fait deux podiums, et puis on ne l'a plus trop vu, même s'il faut compter sur lui cette année... Thibaut Pinot a fait des étincelles et s'est endormi. Julian Alaphilippe a du panache, il est pétillant. Avec lui, tout est possible.

Que vous évoque L'Alpe d'Huez, théâtre toujours particulier de l'arrivée de jeudi ?
C'est une montée mythique, une belle fête autour du vélo, huit kilomètres difficiles mais quand même assez roulants. C'était beaucoup plus difficile au Granon, on a vu la différence. Ce n'est pas le même juge de paix, ça manque un peu de pourcentage. Mais c'est un beau final, un beau théâtre. Personnellement, je me souviens de la montée record de 1997 avec Marco Pantani. Au côté de Jan Ullrich, j'avais vécu un affront, il m'avait lâché alors que je n'aurais jamais dû m'écarter. Je m'en rappelle très bien... Sauf que ça m'a donné envie de tout faire sauter le lendemain, ce qu'il s'est passé puisque je gagne à Courchevel. J'attaque dès le premier col et Marco Pantani finit à 6'30". Le deuxième moment très fort, c'est quand je monte avec le maillot jaune le 14 juillet 2003, en facteur puisqu'il fallait que je le perde afin de pouvoir défendre mes points de la montagne.


Qu'avez-vous pensé de l'étape de mercredi, considérée par certains comme une des plus belles du 21eme siècle sur le Tour ?
C'était très bien tracé, ce col a donné une magnifique arrivée. Il y avait tous les ingrédients, Jumbo - Visma qui a mené la danse pour construire son édifice, le maillot jaune qui craque... Tadej Pogacar a eu une fringale, mais il a retrouvé ses jambes et ça promet des attaques incessantes dans les prochains jours. On n'est à l'abri de rien, le Tour n'est pas fini avec une semaine de canicule et les Pyrénées. Le Slovène peut le faire, ça va bouger. Mais des étapes spectaculaires, il y en a eu d'autres aussi... Quand je gagne à Joux-Plane en 2000 et que Lance Armstrong perd également pied sur une fringale, c'était dantesque. Jan Ullrich avait craqué aussi, Roberto Heras était tombé... Après, c'est vrai que cette année, les organisateurs se sont peut-être bien concentrés sur ce qui précède les cols, alors que parfois il y avait trop de vallées.

Que devenez-vous ? Auriez-vous une envie particulière par rapport au Tour, un rôle peut-être que vous n'avez encore jamais tenu ?
Je suis consultant sur Europe 1. Puis j'espère revenir prochainement avec un autre partenaire, mais il faut laisser du temps au temps, attendre aussi que des places se libèrent et selon la volonté de certains... Pas obligatoirement en tant que consultant média, tout m'intéresse. On verra !

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