Giro : Wiggins et ces coureurs "privilégiés"

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Paul Rouget, Media365 : publié le samedi 24 octobre 2020 à 13h39

Le vainqueur du Tour de France 2012 a peu goûté la fronde des coureurs du Giro, qui ont fait raccourcir l'étape de vendredi, et évoqué responsabilités de ces sportifs "très bien payés".

"Les coupables devront payer." Directeur du Tour d'Italie, Mauro Vegni n'a pas caché sa colère à l'arrivée de la 19e étape vendredi. Une 19e étape de 258 kilomètres raccourcie à 124 kilomètres après une fronde des coureurs. Pour Bradley Wiggins, "c'était vraiment la pagaille. Comme d'habitude, les coureurs ont protesté sans unité. Personne ne semblait savoir ce qu'il se passait et le directeur de course a proclamé des menaces. Mais les seuls perdants de cette histoire sont les téléspectateurs", a regretté l'ancien coureur britannique sur Eurosport, où un coureur qui participe au Giro, mais a souhaité garder l'anonymat, s'est aussi exprimé sur le sujet, et confié que tout le peloton était "sur les genoux" : "Des départs à 6h30 les quatre derniers jours, des étapes de sept heures, des transferts... Honnêtement, c'est seulement parce que tout le monde est sur les genoux. Je n'ai jamais vu un grand Tour où les gens étaient cassés à ce point-là."

"Les coureurs ont beaucoup de chance"

"Au final, tout le monde a l'air bête, juge Wiggins. Bien sûr, je parle comme quelqu'un qui a pris sa retraite il y a cinq ans. Soyons clair : quand j'étais coureur, j'aurais été le premier à ne pas vouloir courir. Mais maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, je réalise à quel point c'est un privilège d'être cycliste professionnel. Les coureurs ont beaucoup de chance, ils sont très bien payés aujourd'hui. Et ils le méritent. Avec le climat qui règne actuellement dans le monde, le cyclisme est très romantique, c'est une passion et pour beaucoup de gens, c'est une échappatoire à la pression de la vie quotidienne. Je pense que les coureurs ont le devoir de courir, c'est pour ça qu'ils sont des cyclistes professionnels, parce qu'ils font quelque chose que les gens normaux ne se sentent pas capables de faire, c'est quelque chose de cette ampleur. Faire du vélo sur 250 kilomètres pendant six heures, qu'il pleuve ou non, est un peu disproportionné par rapport à ce que d'autres gens font, comme être en première ligne à l'armée, ou travailler dans les hôpitaux aujourd'hui. C'est pourquoi je vois cela comme un privilège." Le vainqueur du Tour de France 2012 a aussi trouvé que les coureurs en avaient fait moins pour combattre le racisme : "Et pour ajouter à tout ça, ils ont plus pris position aujourd'hui et plus protesté que quand Kevin Reza s'est élevé contre le racisme au Tour de France. Ça veut tout dire."

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