Liège-Bastogne-Liège : Après la chute d'Alaphilippe, un ex-coureur critique les instances

Liège-Bastogne-Liège : Après la chute d'Alaphilippe, un ex-coureur critique les instances©Panoramic, Media365

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le jeudi 28 avril 2022 à 10h59

Tandis que Julian Alaphilippe a lourdement chuté dimanche lors de Liège-Bastogne-Liège, un ancien coureur français s'en prend aux organisateurs et fabricants de vélo.

La chute de Julian Alaphilippe sur Liège-Bastogne-Liège est encore dans tous les esprits. Alors que Romain Bardet a livré un témoignage fort, le double champion du monde, lourdement tombé à 62 kilomètres de l'arrivée, reste à l'hôpital. Un autre coureur français avait été victime d'une grosse chute sur la 3eme étape du Tour de France en juillet 2015 : William Bonnet. Retraité depuis l'hiver dernier, l'ancien de la Groupama-FDJ sait donc de quoi il parle et pointe du doigt les organisateurs ainsi que les fabricants de vélo.

« Il y a eu des discussions pour installer des protections au niveau des disques pour éviter les coupures mais ça n'a jamais été fait »

« Il y a des tas de raisons pour expliquer une chute. Le rythme du peloton est plus élevé qu'avant. La tension aussi est plus intense. On a moins de respect les uns envers les autres dans les nouvelles générations. Tout ça augmente le risque », établit d'abord le Français de 39 ans dans Le Parisien. « C'est très compliqué d'endiguer ce genre de choses. Les infrastructures sur la route sont de plus en plus nombreuses, la pression des directeurs sportifs est de plus en plus forte. On ne pourra pas arriver au risque zéro, assène William Bonnet. Sans parler de régulation au niveau des instances, il y a peut-être une réflexion à lancer au sein du peloton. Des genres d'accords tacites, de "gentlemen's agreement" pour ne pas arriver à des catastrophes. »


Bonnet tance ensuite les fabricants en décrivant le sentiment attenant à une chute. « A très haute vitesse, tu dévales sur plusieurs mètres, et surtout tu redoutes l'impact des autres qui arrivent derrière. Moi, c'est ça qui m'avait le plus marqué. On pense tous au frein à disque ou au pédalier qui pourraient nous blesser. Il y a eu des discussions pour installer des protections au niveau des disques pour éviter les coupures mais ça n'a jamais été fait. Les fabricants disent que ça ne coupe pas mais on a déjà vu des photos problématiques... », confie l'ex-coureur qui critique les instances avec qui le dialogue n'existe pas vraiment pour limiter le danger dans le peloton.

« On ne pourra jamais vraiment résoudre ces problèmes je pense, mais il y a quand même du boulot de possible »

« Ce problème est mis sur la table depuis quelques années mais il n'est pas pris à bras-le-corps. Il faut un tour de table et que ça se parle franchement. On ne pourra jamais vraiment résoudre ces problèmes je pense, mais il y a quand même du boulot de possible. Par endroits, il y a du mieux, en Belgique notamment. On a plus de sécurité dans les derniers kilomètres avec des grosses protections en remplacement des barrières. Cela va dans le bon sens là-bas. Mais d'autres minimisent les choses. Il y a des organisateurs qui cherchent le sensationnel, la petite route sympa mais étroite. Ils ne sont pas à blâmer en particulier. Il y a des enjeux financiers. S'il faut prendre trois terre-pleins, deux dos d'âne pour arriver dans une ville parce que la mairie a mis l'argent pour accueillir une arrivée, ils vont le faire. Et là, on ne demande pas aux coureurs », conclut William Bonnet, amer.

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