Mathieu Warnier, Media365 : publié le mardi 22 avril 2025 à 22h40
Alors que son nom est mêlé à une affaire de meurtre dans les années 2000 en Colombie, Luis Herrera reste dans les mémoires comme un coureur cycliste qui a brillé dans les années 1980 avec un Grand Tour remporté à son actif.
C'est une affaire qui fait grand bruit en Colombie. Depuis plusieurs jours, le nom de Luis Herrera est mêlé à une affaire de meurtre concernant quatre paysans ayant eu lieu au début des années 2000, dont il aurait été le donneur d'ordres alors qu'il était lié aux Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) avec des témoignages concordant qui vont dans ce sens. Ce qui remet au cœur de l'actualité un coureur cycliste qui a fait parler de lui à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Après avoir entamé sa carrière sur les routes de son pays et s'être signalé avec une quatrième place lors de l'édition 1982 du Tour de l'Avenir, Luis Herrera s'est définitivement fait un nom en 1984 en remportant la 17eme étape du Tour de France sur les pentes de l'Alpe d'Huez au terme d'un duel épique avec Bernard Hinault. Ce qui restera comme le premier succès d'un coureur sud-américain sur le Tour. Interrogé en 2015 par le quotidien Le Parisien au sujet de celui qui était surnommé le « Petit Jardinier », l'ancien champion du monde a confié que le Colombien « n'était pas compliqué à gérer ». « Comme il était très mauvais dans le contre-la-montre et qu'il s'envolait dès qu'il y avait du vent, il se prenait au moins dix minutes dans la vue dès la première semaine », s'est remémoré celui que l'on appelait « le Blaireau ».
La Vuelta 1987, la grande réussite de Luis Herrera
Il a récidivé à deux reprises en 1985, d'abord à Morzine-Avoriaz puis à Saint-Etienne. Une Grande Boucle qu'il aura conclu avec le maillot à pois de meilleur grimpeur sur les épaules. Mais son plus grand fait d'armes sur le vélo est intervenu en 1987, quand il a remporté la Vuelta devant Reimund Dietzen et Laurent Fignon, quelques semaines avant de devenir à nouveau meilleur grimpeur du Tour de France. Néanmoins Luis Herrera n'a jamais caché ses difficultés dans l'exercice du contre-la-montre. « L'occasion de remporter le Tour de France ne s'est pas présentée. Savez-vous ce qui me tuait beaucoup ? Les contre-la-montre, avait-il confié auprès du quotidien espagnol El Pais. J'avais 200 kilomètres en plaine et là, je perdais tout. Je pouvais bien aller jusqu'à 30 ou 35km/h, mais pas plus. » Cinq ans après ce succès de prestige, le natif de Fusagasuga est reparti dans l'anonymat de l'après-cyclisme. Le seul lien qu'il avait gardé avec sa vie précédente, c'était le nom d'un hôtel « Los Alpes » installé dans sa ville natale. Mais le nom de celui qui avait refusé tous les honneurs fait de nouveau les gros titres et d'une manière bien éloignée du cyclisme avec des accusations qu'il s'évertue à nier, assurant n'avoir « jamais appartenu à des organisations criminelles » et avoir « consacré (sa) vie au sport et, après (sa) retraite du cyclisme professionnel, à travailler honnêtement ».