Le témoignage fort de Sénéchal sur l'accident de Jakobsen

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mardi 13 octobre 2020 à 22h57

Le coureur français Florian Sénéchal est revenu dans L'Equipe sur le terrible accident de son coéquipier Fabio Jakobsen à qui il a sauvé la vie lors du dernier Tour de Pologne.

Le 5 août dernier, Fabio Jakobsen était balancé par-dessus les barrières par Dylan Groenewegen lors du sprint final de la première étape du Tour du Pologne. Puis le Néerlandais échappait à la mort grâce à l'intervention de son coéquipier Florian Sénéchal. Le Français de l'équipe Deceuninck-Quick Step est revenu sur son geste dans L'Equipe. Un témoignage fort du Nordiste, deuxième dimanche à Wevelgem.

« En passant la ligne, je n'ai pas vu qui était tombé mais en m'arrêtant juste après, j'ai pu voir Fabio allongé tout seul et un photographe à côté de lui, inerte, raconte Sénéchal. Je suis allé directement vers lui, personne ne s'en occupait, tout le monde était autour du photographe qui avait perdu connaissance. Fabio lui, perdait du sang, beaucoup de sang. J'ai tout de suite compris qu'il était en train de s'étouffer, mon premier réflexe a été de prendre sa tête et de la relever tout doucement pour éviter que le sang remonte au cerveau ou aille dans son système digestif ou ses poumons. Il a repris alors un peu ses esprits, il a craché du sang mais son état semblait peu à peu plus stable. »

« Je ne le reconnaissais pas, son visage était totalement détruit »

« Le plus terrible pour moi, c'est que je ne le reconnaissais pas, son visage était totalement détruit, je m'efforçais de le fixer dans les yeux, poursuit le Français de 27 ans sur son sauvetage. Je ne sais toujours pas comment j'ai pu réagir ainsi, je n'ai aucune formation de secouriste mais je l'ai fait presque instinctivement. Je voyais bien qu'il s'en allait, qu'il perdait trop de sang. Et quand les premiers secours sont arrivés, ils m'ont dit de ne pas bouger, de garder la tête de Fabio surélevée comme ça, le temps qu'ils s'occupent du photographe qui était dans le coma. Ça a duré de longues minutes qui m'ont paru interminables. J'avais peur de faire empirer son état, je ne savais pas s'il avait la nuque brisée ou des vertèbres fracturées. J'étais seul avec Fabio jusqu'à ce qu'ils lui mettent une minerve et le transportent à l'hôpital. »

« Je ne pourrai jamais oublier ce que j'ai vécu ce jour-là, à ses côtés »

Très marqué par cet événement, Sénéchal n'a pas « pu dormir pendant plusieurs nuits par la suite ». Il a désormais une relation très forte avec Fabio Jakobsen qui dit que le Français lui a sauvé la vie. « Je ne sais pas si c'est vrai. C'est sûr que j'ai évité que son état ne s'aggrave, ça s'est peut-être joué à quelques minutes. Si personne ne s'était porté à son secours, il ne serait plus là. Depuis, lui et sa famille m'appellent souvent pour me remercier encore, je pense que désormais je suis lié étroitement à Fabio, à son histoire. On était déjà plutôt proches mais aujourd'hui notre relation est encore plus forte. Je ne pourrai jamais oublier ce que j'ai vécu ce jour-là, à ses côtés. Près de la mort », conclut le coureur de la Deceuninck-Quick Step. Défiguré, Jakobsen n'est toujours pas réapparu en public.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.