L'accès payant aux courses, une idée qui fait son chemin

Mathieu Warnier, Media365 : publié le dimanche 31 mars 2024 à 20h15

Alors que le cyclisme professionnel réfléchit à son avenir, certains organisateurs de courses ont décidé de rendre payant l'accès à leurs épreuves. Des initiatives limitées qui pourraient faire tâche d'huile alors que l'UCI n'y serait pas totalement opposée.

Les organisateurs du Tour de France le revendique. C'est, à leur yeux, « le plus grand spectacle sportif gratuit » et il est exclu de voir cela évoluer. Toutefois, le vent pourrait prochainement changer dans le petit monde du cyclisme professionnel car les organisateurs de courses réfléchissent toujours plus à changer la donne en rendant payant l'accès à tout ou partie du parcours. Les exemples commencent pulluler avec cinq euros demandés aux spectateurs de Nokere Koerse, remporté par Tim Merlier le 13 mars dernier. Un sujet qui était déjà venu sur la table l'an passé en amont de la Grande Boucle quand le président de l'Union Cycliste Internationale (UCI) David Lappartient avait validé ce concept. « Quand j'étais président de l'organisation du Grand Prix de Plumelec, on l'avait fait, à cinq euros, et les gens l'avaient bien compris, avait-il confié dans les colonnes du quotidien Ouest-France. Le public passionné de vélo avait compris que ça nous avait permis d'équilibrer les comptes, de faire vivre un événement pareil. »

La billetterie comme moyen d'atteindre l'équilibre financier

De plus, le patron du cyclisme mondial avait mis en avant que la mise en place d'une billetterie fonctionnait pour le cyclisme sur piste et le cyclo-cross. Derrière cette idée, il y a celle d'augmenter les revenus issus des épreuves, ce qui ruissellerait en direction des équipes. La question de la redistribution des revenus est au cœur de l'embryon de projet de réforme baptisé « One Cycling » et lancé par Richard Plugge, patron de l'équipe Visma-Lease a Bike, qui peine à recueillir les suffrages des organisateurs... mis à part Flanders Classics. La société belge, qui est derrière des classiques telles Gand-Wevelgem ou le Tour des Flandres, serait sur les rangs pour faire payer les spectateurs en plus de l'installation de lieux de réception pour des invités triés sur le volet aux endroits clés du parcours, tels la montée du Vieux Quaremont sur le « Ronde ». Mais, pour les organisateurs des épreuves moins huppées, cela pourrait être une question de survie. Interrogé par le quotidien 20 Minutes, Franco La Paglia, à la tête du Circuit de Wallonie, concède avoir « encore 11 000 euros à trouver » pour boucler son budget.

Des alternatives sont envisagées

« Tu dois payer minimum 3 000 euros par équipe et donc tu multiplies ça par 20... 2 000 euros en licence d'organisation, la logistique et la télé, ça fait 25 000 euros en plus... », a-t-il ajouté tout en précisant s'interdire de recourir à une billetterie pour revenir dans le vert. Néanmoins, d'autres organisateurs ont trouvé une solution pour augmenter leurs revenus le jour de la course sans arriver à un moyen aussi radical même si le résultat ne semble pas encore au rendez-vous. « On a lancé une campagne du nom de VIS (Very Important Supporter), sachant que vis veut aussi dire poisson en néerlandais, a ainsi expliqué au quotidien 20 Minutes Bruno Dequeecker, qui organise la Classic Bruges-La Panne, héritière des Trois Jours de La Panne. On donne l'opportunité aux spectateurs de payer 50 euros, et ils reçoivent un goodies bag et une bonne place à l'arrivée. On a essayé ça pour la première fois, et on ne peut pas dire que c'était un franc succès. » Ces réflexions confirment que le cyclisme professionnel est à la croisée des chemins et que certaines décisions pourraient en chambouler l'avenir.

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