Clément Pédron, Media365 : publié le lundi 23 juin 2025 à 12h53
Le cyclisme est évidemment un sport qui se joue à la pédale, au courage et à l'abnégation. C'est aussi pour certains un moyen de mettre en valeur leur personnalité à l'image de Mario Cipollini ou Peter Sagan.
Peut-être un peu plus que dans d'autres sports, le cyclisme est une discipline où les marques de la course peuvent se lire sur les visages. Il suffit de prêter attention à une épreuve du Paris-Roubaix, du Tour des Flandres ou encore du Tro Bro Leon un jour de pluie pour s'en rendre compte. Et pourtant, certains coureurs conservent une certaine classe, un certain style, comme si les affres des longues étapes n'avaient aucune accroche sur eux. Ils sont plusieurs dans ce cas-là, à des époques diverses. Ils ont donné une autre image du cyclisme, en décalage avec la convention et le public a fini par s'attacher à eux. Il y a d'abord eu Laurent Fignon. Avec ses lunettes, son catogan et ses cheveux longs, le Parisien a été l'un des premiers à se démarquer du reste du peloton. Double vainqueur du Tour de France (1983 et 1984), triste deuxième en 1989 pour huit secondes derrière Greg LeMond, Laurent Fignon a été un coureur en dehors des clous, aussi bien pour son style que pour son caractère.
Le plus fantasque et stylé de tous reste selon l'avis de beaucoup : Mario Cipollini. Le sprinteur italien a longtemps été l'un des meilleurs coureurs de sa génération, remportant une centaine de victoires en quinze ans de carrière. Mais plus que ses bouquets récoltés entre 1989 et 2004, Mario Cipollini, c'est une gueule, une carrure, un trublion doté d'un caractère très fort. Tout au long de ses années sur le vélo, le natif de Lucques n'a cessé d'étrenner ses tuniques si spéciales. Au cours de sa carrière, « Super Mario » a porté des maillots zébrés avec l'équipe Acqua amp; Sapone, tigrés, un ensemble jaune complet sur le Tour de France (le premier de l'histoire de la Grande Boucle), un cuissard siglé du drapeau américain chez Saeco ou encore une combinaison hommage au pape lors du prologue du Giro au Vatican. En 2001, le sprinteur a même porté une tenue représentant les muscles du corps humain. Ultra charismatique, l'Italien aux 12 victoires sur le Tour de France et surtout 42 sur le Tour d'Italie a longtemps fasciné les foules autant qu'agacé ses détracteurs. Capable de se déguiser en Jules César lors d'une journée de repos sur la Grande Boucle en 1999, de coller une photo de Pamela Anderson sur son cadre de vélo pour « rester motivé » ou encore de balancer deux bidons en direction d'un commissaire de course pour l'avoir trop collé, Mario Cipollini a été un coureur à part entière, capable du meilleur comme du pire.
L'exemple Sagan
Dans un tout autre « style », David Millar a également marqué le cyclisme. Le Britannique, vainqueur de dix étapes sur les Grands Tours, a toujours eu ce bon goût pour les tenues. Et il savait les porter. On a récemment parlé de la belle gueule de Mario Cipollini, le rouleur de Garmin est davantage à ranger dans la catégorie des coureurs qui ont simplement la classe. « Je pense que le cyclisme a toujours eu une tradition d'élégance, surtout à l'époque, estime Millar pour le site Velominati. Fausto Coppi, Jacques Anquetil et cette génération plus ancienne étaient réputés pour être des gentlemen raffinés et sophistiqués en dehors du vélo - c'est quelque chose qui m'a fasciné. Ils avaient toujours une allure incroyable. Le cyclisme repose tellement sur la forme, l'esthétique, la classe - la façon dont on se tient sur le vélo, la technique que l'on possède. »
Dans l'ère moderne, Peter Sagan en est l'incarnation. À sa manière, le Slovaque a été une bouffée d'air frais pour la discipline, que ce soit sur et en dehors des routes. L'ancien de la Bora-Hansgrohe a toujours aimé faire le show, via ses tenues, ses coupes de cheveux, ses pratiques ou ses déclarations. Coureur le plus populaire de ces dix dernières années, Peter Sagan a toujours semblé en décalage avec sa discipline, capable de faire des cabrioles sur sa monture ou de signer un exemplaire de son livre en pleine ascension du Tourmalet. Le Slovaque a été une véritable tête de gondole du cyclisme et prend un malin plaisir à l'être aujourd'hui, lors des galas. Avec un style osé mais propre à lui, comme toujours.