Dopage : Les doutes de Boyer face aux performances récentes

Mathieu Warnier, Media365 : publié le dimanche 03 mars 2024 à 15h35

Ancien manager de l'équipe Cofidis, Eric Boyer n'a pas caché son scepticisme face aux performances des cadors du peloton alors que Tadej Pogacar a réalisé un numéro ce samedi à l'occasion des Strade Bianche.

C'est une ombre tenace qui plane sur le cyclisme. Alors que les affaires de dopage se sont multipliées, notamment dans les années 1990 et 2000, le doute existe toujours face aux performances de certaines des têtes d'affiche du peloton professionnel. La chevauchée fantastique de Tadej Pogacar ce samedi lors des Strade Bianche, vainqueur après être parti seul à 81 kilomètres de l'arrivée, a remis des pièces dans la machine. Alors que Jan Ullrich a confié en novembre dernier que « si on voulait rester dans le coup, il fallait se doper », des personnalités ayant connu de près l'environnement du cyclisme professionnel ne cachent plus leurs doutes. Désormais consultant dans les médias après avoir dirigé l'équipe Cofidis pendant sept ans, Eric Boyer a concédé dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien que, même à l'heure actuelle, « le cyclisme reste un sport qui a toujours souffert du dopage et il n'y a aucune raison qu'il ait disparu ». « Je fais le simple constat qu'il y a vingt ans, des coureurs gagnaient chargés de produits illicites, rappelle-t-il. Aujourd'hui, je constate des niveaux supérieurs à ces mecs dopés. » S'il n'occulte pas le fait que le matériel et les méthodes d'entraînement ont grandement changé depuis, Eric Boyer garde en mémoire un fait important.

Boyer : « Tout le monde a baissé les bras sur le dopage »

« Rappelons que sur Lance Armstrong, l'UCI n'a rien trouvé pendant douze ans, a-t-il ajouté. En six mois, l'Agence Américaine Antidopage avait déniché la faille. Quand on veut chercher, on trouve. » A cela vient s'ajouter le sentiment que « tout le monde a baissé les bras sur le dopage » dans le petit monde du cyclisme professionnel, faisant alors un parallèle saisissant. « On se cache. Si un journaliste vous interroge, surtout il ne faut rien dire, affirme Eric Boyer. Cela me rappelle les années précédant l'affaire Festina. Je ne le souhaite pas mais si un nouveau scandale éclatait, je ne tomberais pas de l'armoire. » Se remémorant avoir vu « des vainqueurs arriver en se bavant dessus tellement ils étaient épuisés », Eric Boyer trouve qu'il y a « quelque chose de gênant » quand il a vu Jonas Vingegaard, Primoz Roglic et Sepp Kuss « finir une grosse étape de la Vuelta à la limite de faire des sauts de cabris ». Pour conclure son propos, l'ancien dirigeant ne cache absolument pas qu'il ne serait plus en phase avec le cyclisme professionnel. Il assure que « quelqu'un comme (lui) gênerait dans un cyclisme qui ne doit plus faire de vagues pour effrayer les sponsors » et qu'« ouvrir sa gueule ferme des portes ». Une prise de parole qui risque de provoquer quelques réactions.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.