Paul Rouget, Media365 : publié le lundi 03 février 2025 à 11h15
Alors qu'il entame la dernière demi-saison de sa carrière, Romain Bardet, qui terminera au Dauphiné, juge durement l'évolution du cyclisme.
Il est « très inquiet ». A 34 ans, Romain Bardet a décidé de tirer sa révérence à l'issue du Critérium du Dauphiné, programmé du 8 au 15 juin, avec un départ d'étape depuis sa ville natale, Brioude (Haute-Loire), en guise de dernier hommage. Et le coureur de PicNic PostNL avoue ne pas être très optimiste pour l'évolution de son sport, comme il l'a confié dans un long entretien à L'Equipe. En termes de concurrence, déjà, avec un écart toujours plus grand entre les équipes de tête et les autres. Ce que dénonçait aussi il y a quelques semaines Marc Madiot, le patron de la Groupama-FDJ.
« Les gens ne vont plus regarder les courses »
« Si nos instances ne légifèrent pas à court terme sur ce plan, on va avoir de gros problèmes pour l'attractivité du vélo : les gens ne vont plus regarder les courses, estime-t-il ainsi. Certains diront qu'on se nourrit de grands duels, qu'il n'y a pas besoin de l'incertitude du sport ni des petites équipes. Je crois au contraire qu'on va avoir deux ou trois vitesses dans l'économie du cyclisme et que cela ne sera plus tenable pour les équipes de seconde partie de tableau s'il n'y a pas une meilleure redistribution. »
« Le cyclisme perd un peu de son charme »
Bardet regrette également le professionnalisme poussé à l'extrême du cyclisme de haut niveau, qui « perd un peu de son charme » aujourd'hui. Mais il n'exclut pas de mettre les mains dans le cambouis, notamment pour aider les jeunes générations : « Il y a des choses à mettre en place, à plusieurs niveaux. J'y réfléchis beaucoup mais je ne sais pas encore sous quelle forme. Sur l'expérience humaine dans le cyclisme de haut niveau, on met les jeunes dans un tunnel et je crois qu'il y a un vrai rôle social sous-exploité pour leur apprendre le temps, la patience et aussi leur inculquer un chemin de vie, au-delà du chemin de performance tout tracé. » Un sacré chantier...