Portrait : Giacomo Agostini, le roi de la moto

A lire aussi

Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 14 mai 2021 à 17h09

Premier vainqueur du Grand Prix de France au Mans, "le roi Ago", 15 fois champion du monde, reste le plus pilote le plus titré de l'histoire. Retour sur le parcours de cette légende de la moto.

Ils ne l'avaient pas oublié. En 2019, lors du cinquantième anniversaire du Grand Prix de France moto au Mans, son tout premier vainqueur avait été convié. Et les fans n'ont pas manqué d'affluer afin d'avoir l'honneur de rencontrer le légendaire Giacomo Agostini, pour lui demander une photo, un autographe ou juste échanger quelques mots avec "le roi Ago". Vainqueur sur le circuit Bugatti en mai 1969, il a été accueilli comme un véritable héros cinquante ans plus tard. "C'est bien, parce que j'ai beaucoup de souvenirs ici. Et peut-être qu'en y venant, j'ai donné quelque chose à mes fans", confiait-il alors à France Bleu.

Celui qui est né à Brescia en juin 1942 aurait pourtant de quoi pérorer après son immense carrière. Car il est considéré comme l'un des meilleurs pilotes de tous les temps. Voire même comme le numéro 1, le «GOAT» («Greatest of All Time») de la moto. Il est d'ailleurs toujours le recordman de titres mondiaux, lui qui avait été sacré champion du monde à 15 reprises (8 fois en 500cc et 7 fois en 350cc). Et il comptabilise au total 123 victoires en Grand Prix, ainsi que 162 podiums. Des chiffres particulièrement impressionnants qui font qu'il sera très difficile à détrôner...

7 victoires au Grand Prix de France

Quand il débarque dans la Sarthe en 1969, Agostini est totalement dominateur. Il est champion du monde en titre en 350cc et reste sur trois titres en 500cc. Sous la pluie, il va remporter au guidon de sa MV Agusta ce Grand Prix de France manceau en 500cc, et sera de nouveau doublement sacré à la fin de la saison. Au total, il remportera l'épreuve à sept reprises, au Mans mais aussi à Clermont-Ferrand ou au Castellet : quatre fois en 500cc (1969, 1970, 1972 et 1975) et trois fois en 350cc (1972, 1973 et 1974).

De quoi laisser une trace indélébile dans ce Grand Prix de France dont il est toujours le recordman de victoires, devant l'Espagnol Jorge Lorenzo, vainqueur une fois en 250cc (2007) et à cinq reprises en MotoGP (2009, 2010, 2012, 2015 et 2016). Et s'il apprécie de se rendre régulièrement sur les Grands Prix et de parler de son sport, ce qu'il fait toujours très bien, «Ago» avoue qu'il n'aurait pas vraiment apprécié de conduire les motos actuelles, qui ont "beaucoup changé" par rapport à son époque. Et qu'il préférait les motos de son temps...

Il notait tout

"Il y a beaucoup trop d'électronique. Mais le monde avance, et la technologie aussi, constait-il sur le plateau de Canal+ lors de son passage au Mans en 2019. J'ai essayé mais c'est très difficile, parce que si on ne s'entraîne pas beaucoup on ne peut pas comprendre toutes les choses qui ont changé. (...) Aujourd'hui, il y a beaucoup de choses à faire, alors que de mon temps il fallait seulement penser à la vitesse."

Ce qu'il n'avait pas précisé en revanche, c'est qu'il était en avance sur son temps, récoltant lui-même manuellement toutes sortes de statistiques. Chaque circuit sur lequel il avait piloté faisait l'objet d'un rapport détaillé avec un croquis du tracé, le rapport à utiliser lors de chaque virage, les éventuels dangers... En plus de toutes les informations qu'il couchait sur papier, comme ses réglages de boîte ainsi que tous les résultats et les chronos qu'il avait pu réaliser durant sa carrière.

Un champion populaire

Des documents qu'il conserve précieusement dans son musée de Bergame, où il cultive sa légende. Parti à la surprise générale de MV Agusta pour rejoindre Yamaha en 1974, il remportera ses deux derniers titres de champion du monde avec l'écurie japonaise, en 350cc (1974) puis en 500cc (1975), avant de raccrocher en 1977. Très populaire en Italie, il faisait déjà beaucoup de parler hors des circuits depuis plusieurs années, sa vie sentimentale faisant régulièrement l'objet de rumeurs dans les journaux transalpins, où on lui prêtait des liaisons avec des actrices ou des mannequins. Il a aussi participé à de nombreuses campagnes publicitaires, est apparu dans plusieurs films et il est toujours un excellent client pour les médias. Et depuis 2015, il a sa plaque sur le Walk of Fame du sport italien, à Rome. Un des nombreux honneurs auquel "le roi Ago", toujours bon pied, bon œil à 78 ans, a eu droit pour sa fantastique carrière. Et personne ne dira qu'il ne les a pas mérités, surtout au Mans...

Vos réactions doivent respecter nos CGU.