GP de Sakhir : Le Grand Prix en questions

GP de Sakhir : Le Grand Prix en questions©Panoramic, Media365

Mathieu WARNIER, Media365, publié le lundi 07 décembre 2020 à 10h20

Comment Mercedes a-t-elle pu ruiner la course des ses pilotes ? Pérez s'est-il relancé en vue d'un baquet pour 2021 ? L'Outer Track est-il voué à disparaître ? Retour en questions sur le Grand Prix de Sakhir.

Mais comment Mercedes a-t-elle pu laisser s'échapper la victoire ?

PAR UNE « CONNERIE MONUMENTALE » ! C'est dans ces termes que Toto Wolff, dans des propos recueillis par le magazine britannique Autosport, a présenté l'erreur manifeste qui a arraché des mains de George Russell ce qui allait être sa première victoire en Formule 1. Alors que la course a été neutralisée au 59eme tour pour nettoyer la piste à la suite de l'erreur de Jack Aitken, un problème de communication dans le garage Mercedes expliquerait l'erreur commise. La partie dédiée à George Russell n'aurait pas entendu l'appel précipité pour effectuer un double changement de pneus. Donc, quand le Britannique s'est présenté, on lui a monté des pneus avant réservés à Valtteri Bottas quand le Finlandais a dû repartir avec les mêmes gommes dures. Pour corriger le tir, George Russell a dû repasser par les stands un tour plus tard. Une erreur que les commissaires, au vu des circonstances et de la réaction rapide de Mercedes pour corriger le tir, ont fait peser sur l'écurie, condamnée à une amende de 20 000 euros, permettant au Britannique de conserver ses premiers points en F1. Mais rien n'enlèvera le sentiment de vol que ce dernier a pu ressentir.

Pérez a-t-il marqué des points en vue de 2021 ?

C'EST FORT PROBABLE. C'est une situation assez ubuesque. Auteur d'une saison 2020 plus que réussie, avec des points lors de toutes les courses sauf ses deux forfaits pour cause de coronavirus à Silverstone et son abandon sur casse moteur la semaine passée lors du Grand Prix de Bahreïn, Sergio Pérez est actuellement sans volant pour 2021. Le Mexicain, 110eme pilote à rejoindre le club des vainqueurs de Grand Prix, a été supplanté par Sebastian Vettel en vue de la saison prochaine et du retour de la marque Aston Martin. Toutefois, ses performances parlent pour lui et cette victoire lors du Grand Prix de Sakhir ne devraient qu'alimenter ses espoirs de trouver un volant pour la saison prochaine avec une seule possibilité encore jouable, rejoindre Red Bull Racing si la disgrâce d'Alexander Albon devrait se confirmer. Toutefois, entre la volonté du Thaïlandais de continuer à son poste et la candidature de Nico Hulkenberg, Helmut Marko et Christian Horner vont avoir un choix cornélien à faire, et sans doute encore plus après la course de ce dimanche. Seule certitude concernant le Mexicain, il ne se voit pas ailleurs qu'en F1 et songe déjà à une année sabbatique le cas échéant.

Quel bilan tirer de ce Grand Prix sur l'« Outer Track » ?

UN WEEK-END INTERESSANT ET UN CIRCUIT A REVOIR. Pour ce deuxième Grand Prix en deux semaines à Bahreïn, une deuxième configuration du tracé de Sakhir a été utilisée. L'inédit « Outer Track », plus court et beaucoup plus rapide, promettait le bazar lors des qualifications et une course potentiellement folle... et a bien été le vent de fraîcheur que les observateurs attendaient. Si les pilotes ont eu l'intelligence de ne pas trop se tirer dans les pieds lors de la course à la pole position, les commissaires de la FIA n'ayant absolument rien à redire sur le comportement en piste des 20 acteurs, la course a été aussi débridée qu'attendu. Avec trois longues lignes droites, deux zones DRS et trois gros freinages, les opportunités de dépassement étaient légion et les pilotes s'en sont donné à cœur joie... quand ils ne dépassaient pas les limites à l'image d'un Charles Leclerc qui a gâché d'entrée une occasion de bien faire et paiera son erreur à Abu Dhabi avec un recul de trois places ordonné par les commissaires de la FIA. Le plus bel exemple de ça restera Sergio Pérez qui, après avoir été relégué à la dernière place et retardé par un arrêt au stand à l'issue du premier tour, n'a eu besoin que de 20 boucles pour revenir dans les points avant de continuer son ascension vers sa première victoire. S'il est certain que le Grand Prix de Bahreïn reviendra sur le tracé « International » en 2021, avec une course prévue le 28 mars prochain, la F1 ne devrait pas écarter trop rapidement un tracé autant aux antipodes de ceux qu'elle arpente habituellement. Peut-être même qu'une telle configuration pourrait inspirer des pays comptant faire leur entrée à l'avenir au calendrier de la discipline.

Bottas sort-il affaibli de son duel avec Russell ?

SANS AUCUN DOUTE. Huitième du Grand Prix de Sakhir, Valtteri Bottas doit sans doute se réjouir d'une chose... avoir déjà signé avec Mercedes pour la saison 2021. Avec l'absence de Lewis Hamilton pour cause de coronavirus, la marque à l'étoile a préféré laisser de côté son pilote de réserve officiel Stoffel Vandoorne pour donner sa chance à George Russell qui, s'il est sous contrat avec Williams, est resté dans le giron Mercedes. Dans une monoplace inadaptée à sa morphologie en raison des onze centimètres de différence avec Lewis Hamilton en ce qui concerne la taille, contraint de porter des bottines une pointure en-dessous de la sienne pour pouvoir être installé au mieux, avec un baquet moulé il y a trois ans de cela et donc pas totalement adapté à sa morphologie actuelle, le Britannique a fait plus qu'impressionner. Dominateur le vendredi avant d'échouer pour 26 millièmes face à son coéquipier en qualifications, George Russell a enfin eu les moyens de démontrer son talent avec la meilleure monoplace du paddock. Et pour voir, tout le monde a vu ! Solide leader de la course, le natif de King's Lynn l'aurait emporté sans l'erreur de son équipe et une crevaison lente qui l'a contraint à un dernier arrêt à neuf tours de l'arrivée, venant annuler une belle remontée marquée par un dépassement autoritaire par l'extérieure sur son coéquipier. Déjà dans les petits papiers de Toto Wolff pour 2022, George Russell a sans doute fini d'achever le dirigeant autrichien ce week-end et pourrait donner d'autres gages à Abu Dhabi si Lewis Hamilton n'était pas suffisamment remis.

Etait-ce un cadeau pour Fittipaldi et Aitken ?

PAS VRAIMENT. Si c'était un jour de première pour le circuit, Sergio Pérez, Esteban Ocon ou encore George Russell, c'était également le cas pour deux jeunes pousses. L'un palliant l'absence de Romain Grosjean chez Haas, l'autre venant remplacer au pied levé son compatriote chez Williams, Pietro Fittipaldi et Jack Aitken ont fait leurs débuts en F1 ce week-end... et ça n'a pas été du gâteau pour le Brésilien et le Britannique. Pour Pietro Fittipaldi, au volant de la pire monoplace du plateau et très vite pénalisé pour l'utilisation d'éléments moteurs en-dehors du quota initialement alloué à Romain Grosjean, l'objectif était de servir au mieux Kevin Magnussen, notamment en lui donnant une aspiration lors des qualifications, avant de faire au mieux durant la course. Sans grande surprise, le petit-fils d'Emerson Fittipaldi a terminé dernier de cette course mais n'a pas fait de vagues, ni d'erreur manifeste. Tout le contrait de Jack Aitken qui, par un concours de circonstance, a ruiné la course de celui qu'il remplaçait. Le Britannique d'origine coréenne, habitué à jouer les seconds rôles en F2 avec seulement deux podiums lors du deuxième week-end à Silverstone, a réalisé des qualifications honorables, à moins d'un dixième de Nicholas Latifi et devant Kimi Räikkönen. Mais, en course, il a commis une erreur décisive à la sortie du dernier virage, laissant son aileron avant sur la piste et provoquant l'intervention de la voiture de sécurité qui allait changer la face du Grand Prix. Si, pour Pietro Fittipaldi, il est acquis qu'on le reverra à Abu Dhabi, Jack Aitken devra attendre la décision de Lewis Hamilton puis celle de Williams pour savoir si son passage en F1 se limitera à ce seul Grand Prix de Sakhir. Ils ont tous deux fait de leur mieux et c'est déjà à saluer.

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