F1 : Tout ce qui change en 2022

Mathieu WARNIER, Media365 : publié le jeudi 17 mars 2022 à 20h00

Trois mois après le sacre dans la polémique de Max Verstappen, la Formule 1 lance sa saison 2022 ce week-end à Bahreïn. Un premier Grand Prix qui sera l'occasion de voir les petits et grands changements mis en place.

La Formule 1 entre dans une nouvelle ère. Alors que la révolution annoncée de longue date par la FIA et le détenteur des droits commerciaux de la discipline était prévue pour 2021, la pandémie de coronavirus a retardé l'échéance. C'est donc avec le Grand Prix de Bahreïn 2022 que le championnat du monde ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Alors que 2021 s'est terminée dans la polémique avec le titre mondial pour Max Verstappen face à Lewis Hamilton, la FIA s'est évertuée à trouver des solutions aux problèmes apparus tout au long de la saison dernière. Des petites modifications aux grands chambardements, tour d'horizon de ce qui a changé en F1 pour 2022.

Une monoplace totalement revue

C'est le gros morceau des changements pour cette nouvelle saison. Alors que les monoplaces utilisées depuis 2017 avaient comme caractéristiques d'être difficiles à suivre et à doubler en raison des perturbations aérodynamiques, la FIA a décidé de tout changer. Pour faire simple, mis à part le moteur, il n'y a pas de pièces communes entre la monoplace 2021 et celle qui la remplace. L'aileron avant a été élargi et agrandi, l'aileron arrière présente un nouveau dessin plus arrondi et on ne verra plus les « bargeboards », ces empilements de pièces de carbone destinés à guider les flux d'air autour de la monoplace. Pour remplacer tout cela, les têtes pensantes du sport automobile ont fait revenir un concept interdit depuis 1982 : l'effet de sol. Alors que le plancher des F1 était plat depuis près de 40 ans, il est désormais parsemé de tunnels afin de générer l'essentiel de l'appui aérodynamique sans recourir aux ailerons. L'objectif était de limiter les perturbations à moins de 10% et il semble que ça soit le cas. Lors des essais de pré-saison, les pilotes ont confirmé avoir eu moins de difficulté à suivre une autre monoplace. A cela s'ajoute également des pneus inédits, avec des jantes de 18 pouces qui remplacent celles de 13 pouces utilisées depuis plusieurs décennies. Toutefois, entre le « marsouinage », un effet de rebond à haute vitesse, et un effet de l'aspiration amoindri, le tableau n'est pas forcément idyllique.

Un seul rookie... mais deux revenants

Sur les 22 pilotes présents en 2021, seuls trois ne reviennent pas en 2022. Alors que Kimi Räikkönen a mis un terme à sa carrière et gère désormais l'écurie officielle Kawasaki en motocross, Nikita Mazepin a fait les frais du contexte actuel et a perdu son volant chez Haas alors qu'Antonio Giovinazzi a été écarté par Alfa Romeo et, en parallèle d'un poste de pilote de réserve chez Ferrari, il a rejoint Dragon-Penske en Formule E. Au total, six écuries repartent avec un duo inchangé (Red Bull Racing, McLaren, Alpine, Ferrari, AlphaTauri et Aston Martin). Pour remplacer ses deux pilotes, Alfa Romeo a décidé de faire appel à l'expérience de Valtteri Bottas, qui sort de l'ombre de Lewis Hamilton, mais également à la jeunesse et les ressources de Guanyu Zhou, premier Chinois à être titularisé en Formule 1. Pour épauler Lewis Hamilton, Mercedes a décidé de faire confiance à George Russell, auquel un baquet chez les Flèches d'Argent était promis de longue date. Le Britannique, quant à lui, cède sa place chez Williams à Alex Albon qui, un an après avoir été écarté par Red Bull Racing, fait un retour inattendu sur la grille. Mais la plus grande surprise restera Kevin Magnussen. Un an après avoir juré qu'il ne reviendrait pas en F1 et alors qu'il avait notamment signé pour être pilote Peugeot en endurance, le Danois n'a pas résisté quand Günther Steiner lui a proposé le baquet précédemment dévolu à Nikita Mazepin. Le dernier changement concerne Max Verstappen qui a décidé de profiter du privilège réservé au champion du monde, celui de porter le numéro 1 en course.

Un calendrier à la longueur inédite et avec une nouvelle destination

Après deux saisons perturbées par le coronavirus, la Formule 1 entend revenir à la normale en 2022. A cette fin, c'est un nombre record de 23 Grands Prix qui a été annoncé. Toutefois, le contexte actuel a poussé le détenteur des droits commerciaux à résilier son contrat avec le promoteur du Grand Prix de Russie, qui a définitivement disparu mais qui pourrait être remplacé par la Turquie, la Malaisie, le Qatar ou... Magny-Cours. Si la saison débutera à Bahreïn, les écuries prendront vite la direction de l'Arabie Saoudite pour un deuxième course en quatre mois sur le très rapide circuit de Djeddah. Après un détour par l'Australie et un circuit de Melbourne Park remodelé, Imola accueillera la première manche européenne et le premier sprint de la saison. Les monoplaces traverseront alors immédiatement l'Océan Atlantique pour la grande nouveauté 2022 : le Grand Prix de Miami. Sur un circuit installé autour du Hard Rock Stadium, la F1 fera une première étape aux Etats-Unis avant Austin en octobre et alors que Las Vegas ambitionne de s'ajouter au calendrier à l'avenir. L'Espagne, Monaco puis l'Azerbaïdjan précéderont un deuxième crochet par l'Amérique du Nord, sur le Circuit Gilles-Villeneuve de Montréal. La Grande-Bretagne puis l'Autriche, avec un deuxième sprint, seront suivis par le Grand Prix de France au Castellet, qui se retrouve programmé à la fin du mois de juillet au lieu du créneau en juin adopté depuis son retour. La Hongrie sera la dernière étape avant la pause estivale. Après un mois d'arrêt, l'enchaînement Spa-Francorchamps, Zandvoort et Monza sur trois week-ends consécutifs relancera la machine. La dernière ligne droite de la saison débutera à Singapour avant Suzuka, Austin, Mexico et Interlagos, qui accueillera le troisième et dernier sprint. Enfin, le 20 novembre prochain, la finale aura une nouvelle fois lieu à Abu Dhabi. Un calendrier qui est resserré en raison de la Coupe du Monde de football.

Un encadrement profondément modifié par la FIA

Au cœur de la polémique née du Grand Prix d'Abu Dhabi 2021, Michael Masi n'est plus le directeur de course de la F1. L'Australien, nommé au pied levé après le décès de Charlie Whiting en 2019, a sans doute payé des décisions et des comportements qui n'ont pas fait l'unanimité. Pour le remplacer, le nouveau président de la FIA Mohammed Ben Sulayem a décidé de faire confiance à deux personnalités reconnues. Directeur de course historique du championnat du monde d'endurance, Eduardo Freitas viendra apporter son expérience à la Formule 1 mais partagera le rôle tout au long de la saison avec Niels Wittich, qui a dirigé le championnat allemand DTM et qui sera en poste lors du Grand Prix de Bahreïn. Ce duo pourra également compter sur l'expérience d'Herbie Blasch, qui a longtemps été le bras droit de Charlie Whiting. Comme pour symboliser ce changement, Niels Wittich a décidé de faire plus simple concernant les limites de piste quand son prédécesseur était plus méticuleux, quitte à changer d'avis durant un Grand Prix. A cela s'ajoute la volonté d'avoir une « salle de contrôle virtuelle » dans un bureau de la FIA sur le modèle du VAR en football afin d'aider la direction de course à mieux gérer les Grands Prix. Diffusées à la télévision en 2021, les communications directes entre les écuries et le directeur de course sont désormais interdites.

Des petits changements aux possibles grandes conséquences

La saison 2021 a été riche d'enseignements et la FIA a tout fait pour en tirer les leçons. Après une expérimentation l'an passé, le sprint fait son retour à Imola, Spielberg et Interlagos mais ne sera plus considéré comme une qualification. La pole position officielle reviendra au pilote le plus rapide lors de la séance de qualifications du vendredi mais plus de points seront en jeu lors des 100 kilomètres courus le samedi (8-7-6-5-4-3-2-1). Des Grands Prix qui seront désormais condensés sur trois jours au lieu de quatre, avec les obligations médiatiques organisées le vendredi matin et les séances d'essais libres programmées plus tardivement. Lors des 19 ou 20 Grands Prix sans sprint, les pilotes participant à la Q3 n'auront plus l'obligation de prendre le départ de la course avec les pneus utilisés en Q2. Après le fiasco du Grand Prix de Belgique, la FIA a décidé de revoir l'attribution des points en cas de course tronquée avec la fin des demi-points mais également un résultat nul si le leader n'a pas pu parcourir deux tours sous drapeau vert, sans intervention de la voiture de sécurité ou de la voiture de sécurité virtuelle. Le barème sera différent selon la distance parcourue avec des paliers à 25%, 50% et 75% du nombre de tours initialement prévu. Enfin, le tout dernier changement concerne la procédure de la voiture de sécurité avec le directeur de course qui devra autoriser tous les retardataires à doubler le leader avant la fin de la neutralisation.

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