F1 : Le GP d'Azerbaïdjan en questions

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Mathieu Warnier, Media365, publié le lundi 01 mai 2023 à 20h30

Alors que Red Bull Racing a encore démontré sa supériorité ce dimanche, Charles Leclerc et Ferrari auraient-il pu faire mieux ? Le format sprint est-il sur de bons rails ? Retour en questions sur le Grand Prix d'Azerbaïdjan.

Leclerc aurait-il pu faire mieux ?

FRANCHEMENT, NON ! Si Charles Leclerc a tiré le maximum de sa Ferrari sur l'exercice du tour lancé, dans lequel il excelle notamment à Bakou avec une troisième pole position consécutive, le pilote Ferrari n'a jamais caché que la course allait être une autre paire de manches. Comme pour le sprint ce samedi, le scenario du Grand Prix d'Azerbaïdjan était cousu de fil blanc. Dès que Max Verstappen puis Sergio Pérez allaient être en capacité d'utiliser leur DRS, ils n'allaient faire qu'une bouchée du Monégasque. Ce qui n'a attendu qu'un peu moins de trois tours concernant le Néerlandais puis trois autres pour le Mexicain. A partir de là, Charles Leclerc a fait le maximum pour essayer de rester dans la sacro-sainte fenêtre d'une seconde derrière la Red Bull Racing mais l'occasion de lutter avec les deux pilotes de l'écurie basée à Milton Keynes ne s'est jamais présentée. En fin de course, il a même été plus question de défendre la troisième place face à un Fernando Alonso déchaîné au volant de l'Aston Martin. Mais, comme l'a souligné Charles Leclerc après la course, il faut aussi se demander si Sergio Pérez et Max Verstappen ont exploité le plein potentiel de leur matériel ce dimanche... et depuis le début de la saison.

A-t-on vraiment évité une catastrophe en fin de course ?

EVIDEMMENT. C'est sans doute l'image qui restera de ce Grand Prix d'Azerbaïdjan 2023. A l'entame du dernier tour, ayant retardé au maximum son changement de pneus, Esteban Ocon a obliqué vers la ligne des stands... pour voir au dernier moment qu'il y avait du monde se regroupant autour du parc fermé et empiétant sur la « fast lane ». Heureusement, plus de peur que de mal mais le pilote français a tiré la sonnette d'alarme. « J'arrive à 300 km/h, je freine très tard et je vois les barrières et les gens tout autour. C'est fou, ça aurait pu être très grave aujourd'hui (dimanche), a-t-il confié face à la presse. C'est vraiment quelque chose qui doit faire l'objet de discussions, car c'est quelque chose que l'on ne veut pas voir. J'ai dû lever le pied, j'ai dû ralentir, alors je n'aurais pas aimé être ceux qui étaient en plein milieu. Si je rate mon point de freinage, c'est un vrai désastre. » Heureusement, les commissaires sportifs se sont saisi du sujet et ordonné à la FIA de faire le nécessaire pour qu'une telle situation ne puisse pas se reproduire à l'avenir.

Le nouveau format sprint a-t-il tenu ses promesses ?

PAS ENTIÈREMENT. La Formule 1 espère avoir trouvé la bonne recette pour réussir l'intégration du sprint. Après deux premières saisons avec une course de 100 kilomètres le samedi pour déterminer la grille de départ du Grand Prix, qui a trop souvent vu les pilotes réfléchir au moins à deux fois avant d'attaquer par peur d'handicaper leurs chances pour le dimanche, les têtes pensantes du paddock ont agi dans l'urgence pour rectifier le tir. Désormais, le samedi est une journée dévolue au sprint avec des qualifications dédiées puis une course sans conséquences sur le Grand Prix. Toutefois, sur une piste n'excusant aucune erreur, on ne peut pas dire que le sprint a réservé un spectacle de haute volée mis à part la passe d'armes virile et pas forcément correcte entre Max Verstappen et George Russell, qui a sans doute privé le Néerlandais d'une chance de jouer la victoire face à son coéquipier Sergio Pérez. Néanmoins, l'idée d'une séance de qualifications raccourcie ne laissant qu'une seule vraie chance en Q3 est très intéressante. Il faudra toutefois revoir la copie concernant le choix de gommes neuves imposé aux pilotes, AlphaTauri et McLaren ayant joué avec le règlement, ce qui a privé Lando Norris d'un passage en piste lors de la Q3, ayant déjà utilisé le train de pneus tendres devant être réservé pour cette occasion.

Un week-end à oublier pour Alpine ?

A TOUT POINT DE VUE. Après un Grand Prix d'Australie terminé avec beaucoup de carbone cassé après un accrochage entre Pierre Gasly et Esteban Ocon, l'écurie française avait l'envie de bien faire en Azerbaïdjan. Mais, très vite, tout est allé à vau-l'eau ! Une fuite hydraulique liée à une durite mal fixée a mis le feu au moteur de la monoplace de Pierre Gasly, poussant Alpine à garder Esteban Ocon au garage pour tout vérifier. La conséquence a été un roulage inférieur au minimum nécessaire pour préparer les qualifications et une contre-performance à cette occasion. Ce qui s'est répété lors du « sprint shootout ». Aux grands maux, les grands remèdes. Si Pierre Gasly a été envoyé comme ça pour les deux courses du week-end, Esteban Ocon a opté pour briser le parc fermé et changer les réglages de sa monoplace au prix d'un départ des stands autant lors du sprint que du Grand Prix, pour lequel la stratégie folle d'une course effectuée uniquement en pneus durs sauf un dernier tour en tendres pour respecter le règlement n'a pas fonctionné. Après avoir clamé viser un maintien dans le Top 4 au classement constructeurs, Alpine va sans doute devoir mesurer ses attentes. Mais, surtout, McLaren a retrouvé des couleurs en Azerbaïdjan et compte confirmer à Miami.

Verstappen piégé par l'intervention de la voiture de sécurité ?

BEAUCOUP. A quoi tient une victoire en Formule 1 ? Pour Max Verstappen, ça s'est joué à un tour et à une erreur d'appréciation de son équipe... autant que de la direction de course. Solide leader après avoir laissé sur place Charles Leclerc dans le troisième tour, le Néerlandais semblait parti pour écraser ce Grand Prix d'Azerbaïdjan jusqu'à l'arrêt en piste de Nyck de Vries dans la 10eme boucle. En effet, personne n'avait vu que le Néerlandais avait « clippé » le mur avec sa roue avant-droite, provoquant une rupture de suspension l'empêchant de continuer. Un fait qui n'est pas parvenu à la direction de course, qui a laissé un bon moment le drapeau jaune avant de neutraliser l'épreuve. Entre-temps, en délicatesse avec ses pneus medium et voyant Sergio Pérez fondre sur lui, Max Verstappen a profité de la priorité conférée par sa position en piste pour faire son arrêt au stand. Or, dans la foulée, la voiture de sécurité a fait son entrée en piste et favorisé autant Sergio Pérez que Charles Leclerc, qui sont passés devant le champion du monde en titre. S'il a pu ensuite aller chercher le Monégasque, Max Verstappen a été hors de portée de son coéquipier. De quoi le pousser à demander du changement. « Avec le recul, c'est quelque chose à revoir, a-t-il confié face à la presse. On pouvait clairement voir qu'il y avait une roue endommagée et il semblait de toute façon qu'il n'allait pas ramener cette voiture jusqu'au stand, même s'il avait fait marche arrière. C'est donc quelque chose à examiner car, bien sûr, cela a nui à ma course par la suite. » Et surtout permis à Sergio Pérez de revenir à seulement six points au classement du championnat.

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