Mathieu Warnier, Media365 : publié le lundi 21 août 2023 à 21h50
Sacré champion du monde du 100m ce dimanche à Budapest et grand favori du 200m, Noah Lyles a su faire fi de problèmes de santé pour construire l'athlète qu'il est maintenant.
Noah Lyles détonne dans le petit monde du sprint. Avant d'arriver à Budapest, le natif de Gainesville n'a pas hésité à annoncer la couleur en vue des championnats du monde. « J'ai de bonnes raisons de penser que je suis capable de faire quelque chose d'inédit », avait-il affirmé lors d'une conférence de presse. Alors qu'il s'est donné comme objectif d'effacer des tablettes le record du monde du 200m détenu par Usain Bolt depuis 2009 en 19''19, l'Américain a débuté par une démonstration de force ce dimanche sur le 100m. Dans une finale disputée sans le tenant du titre Fred Kerley et le champion olympique Lamont Marcell Jacobs, Noah Lyles a coupé la ligne en 9''83, devançant Letsile Tebogo et Zharnel Hughes. Mais, avant de faire vibrer les stades par ses performances, l'athlète de 26 ans a dû se battre contre la dyslexie et des troubles de l'attention. A cela s'est ajouté une enfance marquée par de nombreuses hospitalisations liées à l'asthme mais également un combat contre la dépression, notamment après les championnats du monde organisés à Doha en 2019, durant lesquels il avait remporté l'or sur le 200m et le relais 4x100m. « Cela a pris différentes formes à plusieurs périodes de ma vie. Cela n'avait jamais été aussi dur, a-t-il confié sur le sujet il y a maintenant. C'était comme un orage parfait. »
Lyles, un combattant sur la piste
Des troubles que le coronavirus mais également la décision de reporter d'un an les Jeux Olympiques de Tokyo ont amplifié. De plus, à ses yeux, « le dernier clou sur le cercueil » restera le mouvement « Black Lives Matter » aux Etats-Unis. Un combat qu'il a mené avec de la thérapie mais également le recours aux antidépresseurs. Ce qu'il n'a pas manqué de signaler après avoir conservé son titre sur le demi tour de piste l'an passé devant son public à Eugene. « Cette nouvelle mentalité, c'est le résultat de beaucoup de travail, en thérapie, qui m'a ouvert les yeux sur certaines de mes relations et qui m'a permis de savoir pourquoi je cours », avait-il alors déclaré. Des épreuves qui ont forgé un caractère désormais à tout épreuve, comme il l'a affirmé jeudi dernier face à la presse. « Je me suis battu toute ma vie. Maintenant je me bats sur la piste », a-t-il confié. De quoi lui permettre d'aborder la fin de ces championnats du monde avec envie, lui qui reviendra sur la piste du Centre National d'athlétisme ce mercredi pour les séries du 200m, sa distance de prédilection. Et surtout avec Paris 2024 en tête, lui qui avait dû se contenter du bronze à Tokyo.