Athlétisme : Diniz livre un constat cinglant sur l'état de la Fédération française

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le jeudi 28 octobre 2021 à 14h18

Alors que l'athlétisme français n'a rapporté qu'une médaille des JO de Tokyo, Yohan Diniz, l'ancien marcheur, livre un triste panorama de la Fédération.

L'athlétisme français est dans le dur. La discipline n'a rapporté qu'une seule petite médaille des Jeux Olympiques de Tokyo, l'été dernier, en faveur de la délégation française. L'œuvre de Kevin Mayer, qui avait arraché l'argent en décathlon. Une sacrée douche froide pour l'athlétisme français après les six breloques de Rio en 2016, et le pire bilan depuis le zéro pointé de Sydney en 2000. A trois ans d'accueillir les athlètes de la planète aux JO de Paris, la santé de « l'athlé » tricolore interroge.

Diniz : « La confiance est cassée »

L'état de la Fédération française d'athlétisme semble très inquiétant. Il y a la crise de résultats, mais aussi celle de la gouvernance de la fédé. En six mois, deux directeurs techniques nationaux et le directeur de la haute performance (Florian Rousseau) ont plié bagage. « Le château de cartes s'est vite écroulé depuis 2017. En 2019, j'avais dit après les Mondiaux de Doha que l'on allait droit dans le mur en continuant comme ça. C'est un problème global, estime Yohan Diniz, l'ancien marcheur qui a raccroché après les JO de Tokyo, dans Le Monde. On ne sait plus qui dirige. Il faudrait que tout le monde retrouve son champ de compétences et un ordre de mission à respecter. »


« La directrice générale (Souad Rochdi) devrait rester au service des salariés et du président et des élus. On n'a pas su trouver un leader comme avait pu l'être Ghani Yalouz (DTN de 2009 à 2017). Le modèle du directeur de la haute performance qui travaille avec un DTN (mis en place en 2020), qui, a priori, est encore le modèle souhaité, n'est pas le bon selon moi. Le DTN doit être au cœur et au centre de la performance. Il doit diriger l'équipe de France, avec l'aide de différents manageurs », détaille ensuite le recordman du monde du 50 kilomètres marche.

Pour Diniz, « la confiance est cassée » chez les athlètes français. « On reste un sport individuel. Il y a des individualités qui vont penser à elles et seulement à elles. D'autres vont penser de manière plus globale à leur sport et aussi à la base, comme les clubs. La confiance est cassée. Avec le départ des deux derniers DTN, elle s'est encore plus effritée. Sans harmonie, tout est plus compliqué. On est en manque d'humanisme, et ça se répercute parfois sur les résultats. Il y a eu des erreurs à Tokyo, comme celle de ne pas sélectionner Ninon Guillon­Romarin. Ne pas emmener Christophe Lemaitre sur un relais 4 x 100 m en est une autre, énumère l'ex-marcheur qui a pris part à sept championnats du monde et quatre JO. Il pouvait apporter son vécu, surtout que l'on savait que l'on n'avait pas un relais superperformant. Même si on a une très bonne génération qui arrive derrière, il faut les mettre dans les meilleures dispositions possibles. »

Diniz : « C'est un peu le foutoir. Il manque un vrai leader de la politique sportive »

« On est plusieurs à se rendre compte que beaucoup de choses ne vont pas bien. Nous avons aussi échangé avec des membres du comité directeur. On fait tous à peu près le même constat : le souhait de revenir à quelque chose de plus simple et qui fonctionne », poursuit Diniz qui livre un constat cinglant : « C'est un peu le foutoir. Il manque un vrai leader de la politique sportive. Quelqu'un présent pour provoquer un électrochoc, réussir à rassembler, créer de l'émulation et remettre de l'humain quand c'est nécessaire. Quelqu'un qui ait des relations apaisées avec le président. Les décisions actuelles ne vont pas dans le bon sens, me semble­t­il. » Agé de 43 ans, Yohan Diniz avait abandonné le 50 km marche aux derniers JO de Tokyo peu après la mi-course. A la retraite désormais, il demeure un nom qui compte dans l'athlétisme français. Sera-t-il entendu ?

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